Phalange d'Albâtre

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    L'Éclat Souverain

    Eldreith Mordingard
    Eldreith Mordingard


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    Message par Eldreith Mordingard Lun 2 Oct - 2:34

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    Message par Eldreith Mordingard Lun 2 Oct - 3:34

    Dereliore n'avait jamais été l'aînée modèle que son père aurait voulu avoir, mais elle comprit bien vite qu'il était impossible de combler les attentes de celui qui aurait voulu s'appeler Anastérian. Et qu'importait les éternelles plaines verdoyantes de Blanc-jardin, qu'importait les maîtres des traditions et les cérémonies pompeuses, car aujourd'hui elle s'éveillait face à ses choix, face à l'image de ses résolutions passées.

    La Baronne dormait, et leurs longues chevelures d'or s'entremêlaient dans la danse encore lascive de leurs dernières embrassades. La lueur de ses yeux éveilla un reflet d'argent bleuté qui embrassa la peau blafarde d'Hadelheid. Elle se glissa hors du lit, en quelques passes de jambes, sortit de la chambre à pas de loup, laissant dans le sillage de ses mouvements furtifs une douce odeur de musc blanc. Elle attrapa sa robe bordée de fourrure et mis la main sur ses effets personnels, qui avaient échoués sur le bois sculpté d'un guéridon. Elle jeta un dernier regard à sa compagne et sortit sur la terrasse, l'air ravi. Cette vue était des plus surprenantes. Le ciel ne s'élevait pas bien haut, et pourtant le village en bas de la tour semblait déjà grouiller d'une activité débordante. Les grands monts, les tours de pierres noiratres, et les drapeaux qui flottaient. Elle se souvint de son arrivée hasardeuse en ces terres solitaires, aux Lions et aux Beliers qui recouvraient toutes les chaumières de la ville. Enfin...


    Elle ouvrit son libram pour lire et relire le travail sempiternel des érudits Lordaeronais. Comme chaque matin sur ces hauteurs, elle profitait des dernières chaleurs estivales pour se livrer à quelques analyses méticuleuses des textes sacrés. Son étude portait depuis quelques années déjà, sur la Ténacité, deuxième des trois vertus et souvent oubliée par les quelques oisifs des grandes cités. Car si par le passé elle s'était montré fervente défenseuse  du principe triangulaire de sa foi, aujourd'hui, rien ne l'intéressait plus que la Ténacité. Certains de ses semblables pensaient que la Compassion ou le Respect étaient les pilier moraux de l'Eglise Sainte, mais elle défendait une tout autre vision des choses. Rien ne lui semblait plus important que la force de résister. Elle trouvait en la résilience, le concept fondateur de son perfectionnement personnel. La capacité de pouvoir endurer, se battre, sans jamais ployer, encaisser mais ne jamais poser un genou à terre déchaînait chez elle un flux immuable de force. C'est ce qui avait manqué à ces sept derniers écuyers.
    Elle soupira, repensant à la perte de quelques uns, à l'asservissement par la horde de certains autres. Et la vie, qui lui semblait être une boucle, où aucun de ses apprentis ne l'écoutera jamais. Elle avait pourtant assez vécu pour savoir que ses erreurs étaient facilement évitables, mais ils semblaient s’accommoder à recommencer, tout aussi éternellement, les faux pas qu'elle même avait commis quelques siècles plus tôt. Cependant, et ce malgré les échecs, elle garder la tête froide. Elle n'était plus l’instrument aveugle au service de la Sainte Lumière, elle était elle, l'elfe aux crédos sculptés par l'outil aiguisé du temps. Un bloc de force, et elle dépasserai ce stade passager de simple paladin asservi par sa foi aveugle.


    Sa méditation la transcendait, tant et si bien qu'elle ne s'aperçut pas d'un détail: Les pendentifs qui lui servaient de marque-page avaient changé. L'un d'entre eux ne scintillait plus. Elle se leva, et une bourrasque embrassa le blanc cassé de sa chevelure. Elle plissa les yeux, avisant le val d'Aschenfahl et son sang se glaça.

    "Ca ne devrait pas... Ou alors, ça devrait."

    Elle rumina, encore et encore. Et dans l'expression singulière d'une peur soudaine elle ferma les yeux, planquant la paume de sa main sur ses prunelles.

    "C'est pas vrai..."

    Seuls trois des sept pendentifs rayonnaient encore, et elle savait ce que cela signifiait.

    "Eldreith...

    -Et qui est Eldreith?"

    Dereliore sursauta. Hadelheid lui sourit, se tenant droite, comme à son habitude, devant elle.

    "J'attends, qui est Eldreith?"

    Von Deritch était toujours aussi froide, même après tout ce temps. Même après cette cérémonie. Mais elle connaissait à cette froideur légendaire les saveurs secrètes de son caractère. Et lors d'un instant, les doutes qui la hantaient s'évaporèrent. Mais qu'en était-il de cette chère Eldreith?

    "C'est son pendentif.

    -Il ne brille plus, souffla la baronne." Le trait d'humour ne trouva pas d'écho chez le paladin, et Hadelheid se surpris à l'aviser de plus près, cela n'avait -emble-t-il- rien de banal. Au contraire, elle pouvait lire la stupeur qui crispait les traits de la thalasienne. Elle qui était toujours souriante, presque malicieuse, avait perdu tout expression de bien être, et cela n'allait qu'en s'aggravant.

    "De quoi as-tu besoin?

    -Si c'est ce que je crois, de mon cheval, d'un messager et de Leonore.

    -Leonore ? Que vient-elle faire la dedans?

    -Il me faut une mage, s'il te plait, de toute urgence !"


    La Baronne n'eut même pas à répondre. Sa voix grave scandait déjà les indications de Dereliore. Tout n'était plus qu'une question de temps...


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    Message par Eldreith Mordingard Mar 3 Oct - 17:57

    ***



    La haut-elfe tira sur la sangle de sa selle, vérifiant l'équilibrage de ses attaches et l'ajustement de ses fers. Sa monture se raidit à la réception de la pièce de cuir, elle comprit certainement que le départ était imminent. Hadelheid s'avanca, elle tournait le dos à quelques dignitaires dont la charge échappait toujours à Dereliore.

    "As-tu tout ce qu'il te faut ?

    -Oui, ne t'inquiètes pas."


    La Baronne avait quitté sa grotte, revêtant ses atours militaires d'argent et d'azur. Sa longue chevelure d'or avait été coupée ce matin même et lacée en une queue de cheval. La thalassienne en été l'instigatrice. Elle sourit à l'idée qu'Hadelheud avait cessé de se laisser mourir en s'ostracisant  dans le haut de sa tour. L'elfe aimait à la voir reprendre de sa superbe, et bien que les circonstances actuelles durent les séparer, elle pensait déjà à leurs retrouvailles.

    "Cesse de t'en vouloir.

    -Jamais. Ma faiblesse est bien trop condamnable.

    -Tu n'es pas faible... Allons
    , Dereliore esquissa une moue et la baronne cessa de parler à voix basse, reculant de quelques pas.


    -L'heure tourne Dame Ieralwen."


    Hadelheid avait raison. Si elle perdait du temps, cela pourrait lui être fatal. Léonore avait décelé la localisation d'Eldreith grâce à l'enchantement de leurs colliers, et l'avantage qu'elle leur procurait nedevait pas être gaspillé par quelques mondanités.

    La sœur de la Baronne s'y était prise de manières très minutieuse. Le pendentif de Dereliore étant lié par le même sortilège à celui de la demi-elfe, la magicienne n'avait eu qu'à repérer la signature commune à leurs bijoux. Elle avait beau être jeune, Léonore en connaissait un rayon en divination et elle savait lire dans les lignes telluriques. La chance avait été de leur côté cette fois ci, car pour un travail qui aurait pu durer plusieurs jours entiers, la distance géographique impactait forcément. Et dans le cas présent, Eldreith leur avait semblé étrangement proche de leur localisation actuelle.

    Les trois femmes avaient convenu d'avertir Kiel, Leonore ayant détecté comme une énergie noire et profondément incrustée non loin du signe d'énergie perdu. Ils passeraient donc par Aiglepic, ainsi Dereliore aurait enfin l'occasion de se présenter à l'homme autour duquel tout gravité dans la tête d'Hadelheid. De fait, le Duc était une source importante de pouvoir et comme chacun le savait, sa vassale lui vouait une allégeance aveugle que tous considérez comme impressionnante. Mais qu'importait, l'objectif était tout autre, et il fallait se focaliser sur le cas d'Eldreith. Cela inquiétait terrible le paladin, un doute justifié, puisque l'absence de lueur sur cette pierre enchantée ne pouvait signifier que deux choses: Le pendentif aurait pu être brisé, oU Eldreith aurait pu mourir.

    Dereliore sortit de ses pensées et avisa Hadelheid qui lui tournait le dos, à son tour. Elle indiquaient aux dignitaires les différentes marches à suivre pour assurer l'escorte de Dereliore jusqu'à Aiglepic. Si la garde rapprochée de la Baronne -essentiellement constituée de chevaliers- la suivrait, ce ne serait pas le cas de la Dame de Marbre. Ses récentes blessures l’empêchant de monter à cheval. Et même si dans l'immédiat elle n'en témoignait rien, la lancière se savait rongée par la culpabilité de ne pouvoir suivre sa Dame. L'idée de n'avoir été assez forte pour ce jour la hanterait encore longtemps, mais comme chacun le savait, les décisions n'étaient pas toutes faciles à prendre.

    La Baronne tendit  sa missive à Dereliore, inclinant le chef, sans un mot. L'elfe connaissait sa volonté de préserver les apparences, et se contenta de répondre par un salut des plus protocolaires. Mais au moment où elle se détourna de l'emprise de son regard, son cœur se serra dans sa poitrine.

    Elle avisa ses deux prêtres masqués et monta sur son destrier habillé des couleurs héraldiques des von Deritch.

    "Band'or shorel'aran, anu Alah dela'na"
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    Message par Eldreith Mordingard Mer 4 Oct - 15:05

    ***

    Elle inspirait mais aucun souffle ne parvenait à alimenter ses organes pulmonaires. Elle n'arrivait plus à respirer. La prêtresse bessa les yeux, avisant son torse se contracter dans une série de spasmes frénétiques. Les chaires de son ventre s'étaient déchirées et au centre de ces dernières trônait un immense pic de glace. Elle avisa Pleasance, luttant pour que s'extirpe de ses lèvres les quelques mots qui semblaient résister à son appel. Mais trop tard, il était trop tard. Son corps tomba au sol, alors que son esprit, lui, semblait rester debout. Rien n'avait plus de sens. Mais l'étincelle d'un souvenir la fit reprendre connaissance soudainement.

    "L'enfant..."

    Ses mains se hâtèrent de palper la peau humide de son ventre, et un sentiment de rage infini s'empara de son coeur, pour les quelques battements qui lui restait à vivre. Bientôt, ses mains se figèrent, cessant de trembler, comme l'entièreté de son corps après elles. Bientôt il ne restait plus de la prêtresse qu'un monolithe d'agonie froid et sans vie.


    ***


    La haut-elfe se pressait, et sa monture commençait à montrer ses premiers signes de fatigue. Les prêtres qui l'accompagnaient ne montraient aucun signe de mécontentement, hochant le chef lorsque leur aînée passa sur eux un regard interrogateur.

    "Nous arriverons bientôt, et vous pourrez dormir, là bas"

    Même les chevaliers d'Aschenfahl ne répondirent pas. Le vent lacérait leurs visages, quand une pluie aux allures de neige volatile commença à charger les airs. Dereliore avisa le ciel, avant de jurer.

    "Maudit pays"

    Les deux prêtres soufflèrent un rire, bien au chaud derrières leurs masques d'or. De longues traînées de buée s'extirpèrent des dessous de leurs figures d'or figées, signe d'une météo de moins en moins clémente.

    "Allez ! Dépêchons !"

    Le paladin fouetta l'encolure de son destrier, entraînant dans un brouhaha de piétinements la petite troupe qui la suivait. Tous reprirent le rythme endiablé de leur chef de lisse, pénètrant d'ores et déjà les terres du Duc. Mais lointain étaient encore les monts d'Aiglepic, "Lointains mais pas infranchissables" pensa-t-elle. Car elle le savait, seul le temps, pouvait la séparer de son objectif.



    Dernière édition par Eldreith Mordingard le Mer 4 Oct - 18:35, édité 1 fois
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    Message par Eldreith Mordingard Mer 4 Oct - 18:28

    Suggestion musicale

    ***


    Une terre flétrie, un paysage mort, illuminé par des flots de laves étincelants, des étendues cauchemardesques dominées par de massifs pic noirâtres. Au loin se dressaient des pyramides plus sombres que l'ébène, et en leurs chefs, quelques obélisques tournoyaient sur eux-mêmes. Le tout ressemblait à une ville, dont les bâtiments étaient imbibés d'une puissante magie. Le ciel quant à lui, rosit par un crépuscule éternel dressait les empiriques limites de ce théâtre aux arrières goûts terrifiants.
    Eldreith se réveilla au centre de cette vision de terreur, vêtue d'une simple voile blanchâtre, immaculée. Isolée du monde, seule face à ces plaines désertées de toute vie, elle rayonnait. La paix qui l'habitait tantôt, celle qu'elle avait ressentit en fermant les yeux se dissipa pour laisser place à un sentiment de peur. Elle se sentait observée, de toute part, épiée.

    "Où suis-je...?"

    Ses yeux avisaient les alentours avec terreur. Alerte, elle analysait ce qui l'entourait avec minutie, prenant un temps pour chaque batisse, chaque détail. Un craquement attira son attention. Cela venait d'elle, aussi étrange que ça pouvait paraître. Elle détourna son regard des paysages mortifiés pour jeter un œil à son ventre. Du centre de sa robe de fortune commençait à jaillir quelques nuances rôsatres. Intriguée, et méfiante elle souleva son châle. Et là, une vision d'horreur lui glaça le sang. Un trou béant, ruisselant de sang trônait sous sa poitrine.

    "Qu'est-ce que..."

    Le liquide rouge se mélangeait à des chaires déchirées, et le résultat de cette rencontre mortifère rampait jusqu'à ses chevilles. Le peu qu'il restait de son abdomen sembla se contracter, encore et encore. Des bulles se formèrent à l'origine de la mer de sang, qui s'écoulait sans réserve. Et de ce flot de liquide jaillit une main. Les yeux de la demi-elfe s'écarquillèrent, elle restait pantoise, horrifiée. Pas plus grande qu'une phalange, et d'un blanc presque inhumain, le membre serra les doigts comme s'il cherchait un appui. Eldreith poussa un premier cris, paniquée. Une autre paume vint s’extirper la chaire déchirée de son ventre, se saisissant d'une côte cassée comme pour se hisser hors de ses entrailles. Eldreith hurla de terreur, tombant à genoux dans la flaque aux nuances noirâtres. Elle se cacha les yeux, anéantie. Elle hurlait, en continu, tremblant des pieds à la tête. Elle se balançait d'avant en arrière, en pleine psychose. Ses mains griffaient ses arcades blêmes et cisaillaient ses paupières. Elle criait, se refusant la vue macabre de cette vision aberrante. Elle haletait, yeux rougis, et larmoyants. Et soudainement, le son cauchemardesque de ce flux de sang cessa.  Elle déposa un regard vers le sol. La flaque de sang s'était mué en une marre noirâtre, et alors qu'elle reprenait son souffle, une voix transperça le silence lourd de cette réalité.

    "Hm... Te voilà.

    -Qui est là?"


    La prêtresse se retourna, mais rien ne lui fit face.

    "Nous étions là très chère"

    La voix venait de derrière elle, encore une fois, mais elle avait changé. La prêtresse se raidit, apeurée. Et avant qu'elle ne puisse dire un mot, une autre voix pris la parole.

    "Oui, nous étions là

    -Oui.

    -OUI.

    -Oui, nous étions là.

    -Depuis si longtemps..."


    Eldreith courba légèrement le dos, acculée. Elle voulut sortir de l'étendue aqueuse qui se dessinait sous elle, mais au moment de s'extirper, elle sentit un lien la retenir. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle sentit la terre se dérober sous ses pieds. Elle voulu crier, mais aucun son ne su s’extirper de ses lèvres rêches. Elle gesticula, comme un insecte pris au piège. Elle se débattit, plantant ses ongles dans la terre, mais bientôt, la marre noirâtre l'avala totalement.

    La demi elfe chuta, encore et encore, dans un vide noirâtre duquel aucune lumière n'émanait. Elle hurlait sourdement, essayant d'attraper la matière supposément salvatrice, de parois imaginaires. Elle ne sentait aucun air, aucun vent, elle ne sentait que le vide. Elle dégringolait sans que jamais sa chute n'eut de fin. Elle tombait, encore et encore, et le trou duquel elle avait été aspirée ne lui semblait bientôt plus être qu'un point dans la nuit. Elle avait peur, peur de s'écraser lourdement au sol.. Une peur qui emprisonnait sa poitrine d'un poids, lourd. La chute était infinie et elle n'arrivait pas à parler, elle essayait, "Pardon", non, "Aidez-moi", non, "Sainte Lumière", non plus...

    "PITIÉ"

    Ces mots là trouvère écho dans le silence pesant de ses étendues sombres.

    "Pitié?

    -Pitié ?

    -PITIÉ !

    -Pitié... AHahhahahHAHhahHahhhAHh ahHaha ha ahahahaha hah a h"

    Les voix provenaient de nulle-part, et de partout à la fois, polluant le silence d'un brouhaha insupportable. Eldreith, qui chutait toujours, saisit ses oreilles pour étouffer ces bruits épouvantables, mais rien n'y faisait. Et soudainement, elle cessa de tomber. La matière qui l'entourait semblait avoir pris une tout autre texture, elle s'était alourdie, et si elle pouvait encore bouger, Eldreith s'épuisait à chaque nouveau mouvement. Il n'y avait que le noir. Seulement le noir. Un univers entier, de ténèbres insondables. Et ce silence... Persistant et omniprésent.
    Quand la peur cessa de la tenir dans un état de tétanie, elle se décida à bouger, regardant un peu partout autour d'elle, plus par crainte de trouver quelque chose que le  contraire. Elle tenta de marcher, de nager, de sauter... Rien n'y fit. Elle semblait perdu, dans un espace sans matière, et sans temps. Perdue, à la dérive dans un océan de noirceur. Les voix avaient cessé. La prêtresse se força à se déplacer, et ce malgré l'effort que demandait son entreprise. Elle se fatigua, d'elle même, et au bout de ce qui lui sembla être des heures, elle sentit ses paupières s'alourdir. Tant et si bien qu'elle s’arrêta un instant, et avant même que l'idée ne lui parvienne, elle sentit ses cils ombrager ses prunelles claires, et quelques instants plus tard, elle s'endormit.

    Quelques soupirs, puis quelques murmures lui parvinrent, inconsciemment dans ses rêves, caressant la seule partie intacte de son esprit torturé. Eldreith se réveilla en sursaut. Les bruits avaient cessés. Elle n'osait demander. Elle n'osait en appeler à ces créatures. Quelles qu'elles soient, elle pouvait ressentir leur puissance malfaisante. Et, là, esseulée dans ce monde aux frontières insondables elle s'assit en tailleur, refermant les yeux pour mieux replonger au cœur de ses souvenirs. Elle dessina les contours de la mer de Kalimdor, posant les fondements de Theramore. Elle imagina un soleil paradisiaque. C'était une journée d'été. Et sans qu'elle ne fasse plus d'effort, l'image de ses filles vinrent à elle. Elle revit leurs visages, leurs expressions. Elle s'imagea Victelius. Une embrassade familiale, l'odeur des repas chauds... Tout cela lui redonna force, et, sans rouvrir les yeux, elle leurs parla.

    « Vous ne saurez m'enlever cela. »

    Un grognement résonna dans l'enfer noirâtre dont Eldreith sembla s'échapper à ce moemnt précis. Un autre grognement, puis un autre et encore un, et soudain. Plus rien. La prêtresse sentit un sol se dessiner sous ses jambes croisées. Et elle ouvrit les yeux. Au même moment, une ombre -qu'elle sentit sans même pouvoir y voir quoi que ce soit- s’infiltra dans son dos, et, au creux de son oreille elle lui murmura.

    « C'est ce que tu crois »

    La prêtresse sursauta, serrant ses poings, en garde.

    « Tu voudrais nous combattre ?

    -Mortelle !

    -INSOLENTE !

    -Insolente !

    -Faible

    -AHahhahahHAHhahHahhhAHh ahHaha ha ahahahaha hah a h"

    -Nous étions là !

    -OUI NOUS ÉTIONS LA !

    -Nous étions là.AHahhahahHAHhahHahhhAHh ahHaha ha ahahahaha hah a h"

    -Isgr'a'rt'y'lasqkr'erkrl S'herkjs !

    -Nous étions là. 

    -MAIS QUI ETES VOUS ?! »


    A peine avait-elle fini de scander sa question qu'elle sentit son souffle s’amenuiser. Son cœur s’accélérer et sa respiration la quitter. Elle suffoquait. Ses mains palpèrent sa gorge, et bientôt un son grave, comme un tremblement retentit. Elle n'y arrivait plus, elle n'arrivait plus à lutter. Elle tomba sur les genoux, bouche grande ouverte, et gorge serrée. Elle sentit les vaisseaux de ses yeux exploser un à un sous la pression. Elle déposa une main au sol. Et plus rien. Plus un bruit, plus une note grave, rien. Elle arrivait miraculeusement à respirer, quand elle pré sentit quelque chose. La présence qui lui faisait face la tétanisa. Elle ne voyait rien, mais elle le sentait. Un sentiment de peur extrême la retenait au sol, cloîtrée dans sa position. La terre, s’ouvrit sous elle à la manière d'une paupière, dans un vrombissement sonore, dévoilant un gigantesque œil ovoïde, rouge et visqueux. La demi-elfe trônait au centre de sa prunelle jaunâtre, bouche bée.

    « Qui nous sommes? »

    D'autres yeux s'entrouvrirent et ils fixèrent leurs regards vers elle. Plusieures pupilles mais une seule voix. Elle était puissante et rauque, trouvant resonnance dans le cœur de la prêtresse.

    « Tu sais qui nous sommes. Nous sommes ceux qui répondirent à ton appel lorsque les orcs attaquèrent ton campement à Orgimmar, nous sommes ceux que tu as imploré quand il te punissait pour ton ascendance. Nous étions là pour punir les erreurs de ta fille au monstère. Nous sommes ceux qui t'avons prêtés notre puissance quand cet imbécile est entré dans la grange, à Hurlevent. Nous sommes ceux qui t'avons aidés quand tu as voulu faire parler cet «hérétique» dans les gêoles. Tu sais très bien qui nous sommes. »

    Eldreith balbutiait, sa tête hochait d'elle même à nombreuses reprises et ses yeux ne pouvaient se détourner de l'éclat malsain de son regard.

    « N...Impossible...C'est impossible

    -Et pourtant. Nous sommes là. Et nous ne partirons jamais.

    -N...Non... Vous n'êtes pas là... Ce n'est pas vrai, vous n'êtes pas là. 

    -Alors tu as compris. Tu dois payer le prix.»


    Un bruit de cœur retentit, un cœur faible, dont le rythme  s'amenuisait. Des pulsations de plus en plus lentes. Et alors qu'elle les écoutait, Mordinard se faisait aspirer par l'oeil. Des lianes visqueuses  de chaires rougies sortirent des profondeurs du regard du géant, s'enroulant autour des chevilles de la jeune femme, de sa taille, de son cou, autour de ses poignets.

    «Tu as compris. Tu es seule, c'en est fini de toi. Fini. Tu es finie. »

    Des pensées malades traversèrent le subconscient d'Eldreith. Des images de Minhalet, de Feyrelith, brûlées par des flammes sacrées. Hurlevent déchiré par des forces noires. Les membres de la phalange dévorés par des créatures de cauchemar.

    « C'en est fini. Fini. Tu es...A.... Nous»

    Le son grave de l'organe cardiaque ralentit encore, accompagnant la descente d'Eldreith. Elle ne pouvait pas se débattre, elle n'avait plus la force de le faire. Son corps plongeait petit à petit dans les chaires fumantes de l’œil. Ses jambes furent aspirées en premier, et son buste nageait presque entièrement dans l'étendue brûlante de ce nouvel espace, lorsque le rythme lourd et pesant cessa d'émettre. Et dès lors, son corps ne répondit plus. Son esprit avait cessé d’opposer la moindre résistance et la bête en profitait, enfermant la demi-elfe dans ses appendices écarlates.

    La créature dévorait Eldreith, lentement, encore brièvement consciente, le peu d'âme qui restait à la jeune femme s'était laissé mourir. Le temps n'avait plus d'emprise sur elle, mais sa digestion de son corps semblait prendre une éternité. Des murmures enduisait son crânes d’obscénités sans que jamais, elle ne résiste. Elle s'était résigné.

    Tout espoir semblait perdu, lorsqu'un puits de lumière irradia les ténèbres de cette immensité silencieuse. Perçant l'obscurité en un gigantesque faisceau doré qui percuta l’œil de plein fouet. Eldreith leva ses yeux encerclés de tentacules vers la source lumineuse, et sentit ses membres s'absoudre de la présence maléfique qui les encerclaient. Elle cilla, faible. Sa peau avait terni, ses joues s'étaient creusées et son regard avait perdu tout éclat. Mais une présence rassurante vint l'étreindre, s'agrippant à elle avec vigueur. Elle se raidit légèrement. Petit à petit, le bras de lumière l'extirpa de son carcan vermeille et fumant. Elle perçut un bruit famillier au loin, et quelque chose renaître en elle. Oui, elle connaissait ce rythme. Et puis qu'il lui sembla pesant à sa dernière écoute, la rythmique lui paraissait à présent providentiel. Elle avisa le sol qui disparaissait de son champs de vision, et en son centre, l'immensité rougeâtre dont elle avait été exfiltrée.

    « Lumière... »

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